Les français à Wuhan

Ha ha ha, après un an sur place, je peux maintenant tirer quelques portraits.
Voila les différentes caricatures de français que l'on peut croiser ici :

• L'expat'
  

Sans doute le type de français le plus représenté ici.
Marié, 1 ou 2 gosses, bosse généralement dans l'automobile.
L'expat' est un modèle d'intégration : il fait ses courses au rayon import de Métro, vole en business, mange souvent au Café Figaro, et est inscrit au club DPCA. Son niveau de chinois n'a d'égale que son accent anglais.
On peut le retrouver à l'apéro tous les vendredis et samedis soir au Bluesky.
L'expat' a au moins une femme de ménage (sa maison chinoise demande plus d'entretien que sa maison française, et sa femme est très occupée), si ce n'est pas un chauffeur.
Il travaille beaucoup, beaucoup plus que sa femme avait imaginé avant de partir (50% des couples expat' divorcent).
Ouf, financièrement, l'expat' se gave comme personne d'autre.

Remarque: je pourrais rajouter 2 sous-catégories : "Les femmes d'expat" & "L'expat' DPCA"

• L'étudiant

D'abord il y a celui qui est en stage de fin d'étude, et qui se retrouve exploité par la filiale chinoise d'une boîte française (cet étudiant ressemble un peu au VIE).
Ensuite, il y a celui qui trouve une planque à l'université de Wuda (dans l'informatique par exemple =)
L'étudiant a le temps d'apprendre le chinois. D'ailleurs la plupart des potes de l'étudiant sont chinois.
L'étudiant est celui qui vit le plus à la chinoise: il loge dans petite piaule sur le campus, il gère ses déplacements quotidien en bus (voir en vélo), il ne mange jamais dans les restaurants "western", et il sort rarement dans les grosses boîtes du centre ville (voir parfois il ne reste que sur Wuchang, quartier de son université).
Le blog de l'étudiant raconte ses p'tites galères, ses difficultés à apprendre le chinois, et ses photos de voyage en mode roots (l'étudiant voyage beaucoup).

• Le VIE

Le VIE a moins de 28 ans, sort généralement d'une école d'ingénieur ou de commerce. Il signe en moyenne pour 17 mois.
Il n'a pas de salaire, mais une indemnité. Le VIE wuhanais a un très très bon rapport indemnité/dépenses mensuelles (plus important que celui du VIE Shanghaien par exemple).
Le VIE vit dans un appart' d'au moins 70m² (il lui faut de la place pour sa PS3, son vidéoproj' et ses armoires remplies de DVD -et je ne parle pas des fringues sur mesure-).
Le VIE est célibataire (il a donc une femme de ménage). Le VIE va au boulot en taxi, ou avec le chauffeur de son pote expat'. Il prend très rarement le bus ("pourquoi s'faire chier?").
Le VIE prend des cours de chinois (mais à plus de difficulté que l'étudiant, car il a bosse autant que l'expat').
Il a pas mal de responsabilités (RH / Superviseur / Chef de projet / Commercial / etc.), il va donc souvent se relaxer dans les salons de massage.
Le VIE voyage (pas en business par contre), pour voir ses autres potes VIE en Chine.
Il va aussi au Bluesky, avec ses potes expat' et/ou VIE. Il a d'ailleurs beaucoup de potes français (beaucoup plus que de potes chinois).
Le VIE wuhanais connait tous les bons plans de la ville (il pourrait écrire : "bien manger / bien acheter / bien sortir / bien visiter Wuhan"). Comme il sort tout juste de l'école, il lui reste pas mal d'entraînement au niveau du levé de coude. Par contre niveau cuisine, c'est plutôt tartiflette/pâtes/raclette/steak que cuisine traditionnelle chinoise (à la limite des raviolis ou des nouilles à 3 kuài).

Le VIE est un peu moins roots que l'étudiant, mais plus que l'expat'.

• Le routard

Il est très rare de rencontrer des routards français à Wuhan (qui ne fait rarement partie des villes que les tour-operators proposent dans leur pack "Chine").
Les quelques-uns, qui rendent visite à des proches, en profitent pour visiter la tour de la grue jaune, le musée de la province de Hubei, ou encore pour partir en croisière sur le Yangtze (pour le remonter jusqu'au barrage).

• L'intermittent

Catégorie à part, l'intermittent n'habite pas à Wuhan, mais en France. Son boulot lui permet de venir régulièrement sur Wuhan, en mission de quelques semaines. Il loge à l'hôtel (ou chez son pote VIE), très souvent au Novotel. Grâce à ses collègues locaux, il connait pas mal de bons plans wuhanais ("où manger une bonne viande" / "où faire cracker sa PSP").
Il a tout compris, le bougre, il passe toutes ses dépenses en note de frais (et en plus il touche une prime de déplacement).
L'intermittent se doit d'apporter, à chaque retour sur Wuhan, des denrées introuvables en Chine, style eau-de-vie ou reblochons fermiers (le saucisson est aussi apprécié).

• Les autres

Il y a encore les prof' (de français pour la plupart, les autres sont instit' à l'école DPCA), les cuistots, le(s) boulanger(s), les enfants d'expat', ceux qui se planquent au Consulat et ceux qui travaillent en contrat local...

[Elle est pas belle notre French connexion ?!]